Entre nos montres connectées, nos enceintes intelligentes et les plateformes sociales que nous utilisons au quotidien, une chose est sûre : l’intelligence artificielle sait beaucoup plus de choses sur nous qu’on ne le pense. Et souvent, sans qu’on en ait pleinement conscience.
Quand vos objets connectés vous observent (même en silence)
Montre au poignet, téléphone dans la poche, enceinte dans le salon… Ces appareils qui nous rendent la vie plus pratique sont aussi de formidables outils de collecte de données. Même éteints – ou plutôt « en veille » –, ils continuent souvent d’écouter, d’analyser et de stocker des informations sensibles.
C’est notamment le cas des assistants vocaux comme Alexa ou Google Home. Dès qu’ils captent leur mot d’activation, ces appareils enregistrent des extraits de conversation. En théorie, seules les commandes déclenchent l’enregistrement, mais en réalité, des erreurs sont possibles, et des discussions privées peuvent ainsi être enregistrées à votre insu.
L’IA générative : vous tapez, elle retient
À chaque question posée à un assistant IA, comme ChatGPT ou Google Gemini, des données personnelles sont enregistrées. Ces outils stockent toutes vos interactions pour améliorer leurs modèles. Même si certains proposent des options de retrait, vos données sont toujours conservées – parfois anonymisées, mais rarement effacées.
Et cette collecte ne se limite pas à ce que vous tapez. Elle concerne aussi les habitudes, les heures d’utilisation, voire les sujets que vous explorez régulièrement. Autrement dit, plus vous utilisez ces services, plus ils apprennent à vous connaître.
Réseaux sociaux et IA prédictive : un duo qui vous cerne
Sur Facebook, Instagram ou TikTok, chaque interaction – une photo likée, une vidéo regardée, un commentaire posté – devient un point de données. Ces plateformes bâtissent des profils numériques détaillés, parfois vendus à des courtiers en données pour alimenter des publicités ultra-ciblées.
Ces informations sont également croisées grâce aux cookies et pixels de suivi. Même en naviguant sur des sites sans lien avec vos réseaux sociaux, vos habitudes d’achat ou de navigation sont captées, analysées, et souvent revendues.
Objets de santé connectés : un flou juridique inquiétant
Les montres et bracelets de sport enregistrent vos pas, votre fréquence cardiaque, vos cycles de sommeil… Pourtant, contrairement aux professionnels de santé, ces entreprises ne sont pas soumises aux mêmes lois de protection des données (comme la loi HIPAA aux États-Unis). Cela signifie qu’elles peuvent légalement vendre vos informations médicales à des tiers.
Un précédent marquant ? La publication d’une carte thermique des utilisateurs de Strava, révélant par inadvertance des bases militaires secrètes à travers le monde.
Une transparence encore trop floue
L’un des plus grands problèmes reste le manque de transparence. La plupart des politiques de confidentialité sont truffées de jargon juridique et rarement lues. Selon une étude, un utilisateur passe en moyenne à peine plus d’une minute sur les conditions d’utilisation d’un service.
Et pourtant, derrière ces pages souvent ignorées se cache ce à quoi vous avez consenti : la collecte, l’analyse et la revente de vos données. Même si vous faites confiance à la plateforme que vous utilisez, rien ne garantit que vos données ne finiront pas entre les mains d’une entreprise bien moins scrupuleuse.
Cybersécurité : un risque bien réel
Au-delà de l’usage commercial, il existe un danger croissant : celui des cyberattaques. Les bases de données, aussi protégées soient-elles, sont des cibles pour les cybercriminels. Que ce soit pour de l’argent ou à des fins géopolitiques, des millions de données personnelles sensibles peuvent être exposées, piratées ou utilisées à mauvais escient.
Que faire pour protéger sa vie privée ?
Même si la législation tarde à suivre les avancées de l’IA, des gestes simples peuvent faire la différence :
- Désactivez les assistants vocaux quand vous ne les utilisez pas.
- Évitez de partager des données sensibles dans une application IA.
- Lisez (au moins en partie) les politiques de confidentialité.
- Supprimez régulièrement vos historiques d’activités.
- Éteignez ou débranchez vos objets connectés pour éviter l’écoute passive.
Enfin, une règle d’or : ne tapez jamais dans une boîte de dialogue quelque chose que vous ne souhaiteriez pas voir affiché sur un panneau public. Dans le monde numérique, une fois que c’est écrit, c’est rarement effaçable.
L’IA n’est pas votre ennemie, mais elle ne connaît pas vos limites… sauf si vous les définissez clairement.